Infolettre

Recevez une fois par mois les dernières informations sur la vie du Parc Naturel Régional des Caps et Marais d'Opale : les opérations en cours, les projets, les réalisations, les animations...

Quand la nature aide l’agriculture, petites histoires qui se jouent dans nos champs #3 : les renards et les mustélidés

Troisième épisode de notre série consacrée aux animaux sauvages qui viennent en aide aux agriculteurs en régulant les ravageurs de culture. Place aujourd’hui aux renards et aux mustélidés, discrets habitants des campagnes. Ces mammifères jouent un rôle essentiel pour combattre les méfaits des campagnols.

Connaissez-vous le campagnol ? Personne ne vous en voudrait de le prendre pour une souris, il lui ressemble. Ce petit rongeur est un habitant de nos champs de céréales. Il creuse des galeries dans le sol qui permettent à l’eau de s’infiltrer, consomme des insectes, des adventices (« mauvaises herbes ») et dispersent des champignons. Que du bon dans le campagnol ? Pas tant que cela, il dévore aussi les céréales, les légumineuses, les betteraves, les racines de jeunes arbres fruitiers… Avec une consommation quotidienne équivalente à deux fois son poids, le campagnol est un ravageur majeur de nos cultures.

A Guînes, chez Marc Lefebvre, ce problème est sans doute plus présent qu’ailleurs. Cet « agriculteur observateur » explore une autre agriculture, avec moins de produits chimiques, et cherche à quantifier l’aide de la nature pour réguler les ravageurs de culture. Afin de préserver la santé des sols et la ressource en eau, Marc Lefebvre ne laboure plus ses terres. Une aubaine pour le campagnol qui a la dent dure en ce qui concerne les cultures !

Fort heureusement ce rongeur n’est pas le seul habitant des champs de Marc Lefebvre. Ceux-ci sont bordés de haies bocagères. Plantées là depuis une décennie, elles abritent de nombreux prédateurs de ce rongeur. C’est ce qu’a montré le travail du Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale, qui accompagne l’agriculteur dans sa démarche d’agro-écologie, avec le concours de la Coordination mammalogique du nord de la France (CMNF). Le Parc et la CMNF se sont intéressés à caractériser la capacité d’accueil du site pour les auxiliaires de culture, ces animaux sauvages qui ont une action de régulation sur les ravageurs de culture.

Un renard = 3000 rongeurs en moins chaque année

Qui sont ces auxiliaires ? En première position, nous trouvons le Renard roux. Bien mal aimé, ce mammifère discret dévore 1500 à 3000 campagnols par an. Le campagnol représente 80 % de son régime alimentaire. L’étude sur le terrain a montré que le renard roux fréquentait assidument les champs de Marc Lefebvre.

Puis, au classement des prédateurs, se trouvent les mustélidés. Parmi eux, on compte notamment la belette et l’hermine qui consomment respectivement 600 et 1500 campagnols chaque année. Pour elles aussi, le rongeur représente 80 % de leur régime alimentaire. Enfin, la fouine, le putois et même le blaireau viennent compléter le tableau. Opportunistes, ils ne rechignent pas à manger un campagnol de temps en temps.

Maintenir un équilibre proies/prédateurs

Pour contenir les pullulations de campagnols dans les champs, la piste étudiée est d’entretenir un équilibre proies/prédateurs. Comment ? En privilégiant l’accueil et la circulation des auxiliaires grâce à des haies, des petits bois, des fossés, des mares et tas de cailloux, l’absence de travail du sol, les couverts, les amendements de copeaux, le paillage qui donnent corps aux corridors agro-écologiques.

Les prédateurs adaptent leurs effectifs et leur territoire de chasse aux ressources disponibles en proies. Lors des périodes de pullulation chez les campagnols (plusieurs centaines de rongeurs à l’hectare), les prédateurs vont augmenter leurs effectifs, par effet rebond.

Diversifier les prédateurs, et donc les modes de chasse offre aussi une réponse rapide aux pullulations de campagnols. Avec leur territoire plus petit, il y aura plus de belettes que d’hermines sur le site. La régulation pour ces deux auxiliaires passe la barre de 5000 rongeurs par an pour tout le site. Finalement, la lutte constante et à basse quantité qu’entretiennent les prédateurs avec ces rongeurs freine les vagues de surpopulation.

Miser aussi sur les renards et les mustélidés, contribue à construire une agriculture plus intégrée. Le site qui comprend de nombreuses haies doit néanmoins être complété de gîtes à mustélidés solides pour les protéger, eux ainsi que leurs portées, de leurs propres prédateurs (chats domestiques, rapaces, renards)… et des assauts des sangliers. Prédateurs et proies, prédateurs entre eux… Tout est une question d’équilibre. Mais, finalement, dans nos écosystèmes, n’en est-il pas ainsi ?

Le geste de l'habitant

Pour favoriser la présence des renards et des mustélidés, plantez des haies composées d’arbres et arbustes d’essences locales. Pour vous en fournir, vous pouvez passer par l’opération de commande groupée Plantons le Décor, mise en place par Espaces naturels régionaux.

Une autre technique peut consister à installer des gîtes pour les belettes ou les hérissons. Enfin, un muret en pierres sèches constitue un corridor écologique important ; de nombreux chantiers participatifs sont organisés durant l’année par le Parc naturel régional. Ces stages sont gratuits, ouverts à tous et encadrés par des professionnels muraillers.