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Quand la nature aide l’agriculture, petites histoires qui se jouent dans nos champs #5 : les muscardins

Cinquième épisode de notre série consacrée à la vie sauvage qui se joue secrètement dans nos champs de céréales. Voici le muscardin, petit animal doré très discret qui, dans ces grands espaces agricoles, peine à trouver sa place. Chez Marc Lefebvre, on étudie comment lui réserver des corridors pour relier ses différents lieux de vie.

7 centimètres de long et à peine 25 grammes. Le muscardin est un tout petit rongeur plutôt méconnu. Surnommé « Rat d’or » en référence à la couleur de son pelage, il vit discrètement à l’abri des haies et sort une fois la nuit tombée.

Chez Marc Lefebvre, un agriculteur de Guînes, un suivi particulier a été mis en place sur le muscardin. En effet, chez cet agriculteur qui a choisi de favoriser la vie sauvage sur ses parcelles, des haies âgées de 10 ans et, mises bout-à-bout, longues de 10 kilomètres, bordent les champs. Dans le cadre d’un programme de recherche appelé Agrotrames II, le Parc naturel régional avec le concours de la Coordination mammalogique du nord de la France (CMF) a ainsi tenté de déterminer si ces longues haies bocagères pouvaient accueillir des muscardins.

Créer un corridor de haies entre la forêt et le marais

Pourquoi était-ce important ? Parce que dans les alentours, le muscardin a surtout deux lieux d’habitat : la forêt domaniale de Guînes et le marais de Guînes. Ces deux habitats ne communiquent pas et empêche donc les populations de muscardins de se rencontrer et, accessoirement, de se reproduire.

Mais à Guînes, hasard géographique, la forêt et le marais sont justement séparés par les champs de Marc Lefevre (la vie est parfois bien faite !). Ce petit animal, qui a tant de mal à se disperser (parce qu’il est petit justement !), ne pourrait-il pas utiliser les haies pour relier la forêt au marais ? C’est que les recherches ont donc tenté de prouver.

Traquer les nids et les restes de nourriture

Le muscardin est un animal très discret, difficile à observer. Pour déterminer sa présence il faut souvent en chercher les traces : des nids ou des restes de nourriture. Le mignon « Rat d’or » à la queue touffue se délecte de fruits et de graines : cynorrhodons, fraises, cenelles, faînes, bourgeons, sorbes, mûres, noix, drupes… En hiver, il hiberne au sol, caché dans un nid de mousse, sous un tapis de feuilles mortes. A la belle saison, le muscardin sème des indices de sa présence : d’adorables nids d’été tressés de brins d’herbes, tout ronds, ainsi que des noisettes rongées avec une rare élégance, dessinant un orbe parfait et lisse.

Les haies de Marc Lefebvre semblent donc parfaites pour accueillir le muscardin. Afin de faciliter les recherches, 15 nichoirs en bois et 30 nichoirs-tubes ont été posés puis prospectés durant trois ans, en quatre passages, de 2021 à 2023, le temps du programme Agrotrames II. Dix nids d’été ont été retrouvés, ainsi que quelques noisettes. Au fil des années, la part de nichoirs occupés augmente, la colonisation progressive des haies est en cours ! Les choses prendront du temps, plusieurs générations seront nécessaires pour que les muscardins arboricoles fassent la connaissance des muscardins du marais. Si notre « Croque-noisettes » passe, alors la fonctionnalité du corridor boisé est réelle !