Quand la nature aide l’agriculture, petites histoires qui se jouent dans nos champs #7 : les carabes
Septième et dernier épisode de notre série consacrée à la vie sauvage qui se joue secrètement dans nos champs de céréales. Restons dans le sol, là où nait la vie, et faisons connaissance avec les carabes. Ces coléoptères mangent des limaces et des graines de « mauvaises herbes ». De quoi faire plaisir aux agriculteurs !
Photo : Florian Kletty, Université catholique de Lille.
Six pattes un peu crochues, deux belles antennes et une couleur noire qui vire au vert selon la lumière… A première vue le carabe ressemble à un coléoptère basique, le genre de petite bête devant lesquelles il est rare de s’extasier. Pourtant, vu le nombre de services qu’il rend, le carabe mériterait bien toute notre attention !
Dans les champs de Marc Lefebvre, à Guînes, dans le cadre du projet Agrotrames II, les carabes ont été particulièrement étudiés par les scientifiques de l’Université catholique de Lille, pour les services qu’ils pouvaient rendre à l’agriculteur qui souhaite cultiver des céréales tout en réduisant l’usage de produits chimiques. En effet, ces coléoptères, qui vivent dans nos sols, consomment d’autres invertébrés : des larves d’insectes ou encore des limaces, reconnues comme ravageuses de culture. Les carabes consomment également des graines d’adventices (« mauvaises herbes ») avec lesquelles se battent les cultivateurs.
Un effet bénéfique sur les cultures
Au fil des mois, les scientifiques ont ainsi pu étudier les carabes dans des parcelles agricoles où des pratiques agricoles innovantes sont mises en place : peu de labour pour conserver la structure des sols, et plantation de haies. En complément, ils ont aussi réalisé des tests en laboratoire sur l’interaction entre les carabes et les limaces.
Les résultats obtenus indiquent que les carabes ont un bon potentiel pour réguler les populations de ravageurs. En effet, leur abondance est élevée au sein des parcelles, des limaces même d’assez grande taille peuvent être consommées par certains carabes, et les espèces varient en fonction des caractéristiques du milieu. De plus, les chercheurs ont aussi trouvé que le modèle agricole mis en place à Guînes permettait une bonne résistance et résilience face aux perturbations du milieu, que sont notamment les forts évènements climatiques ou le travail mécanisé dans les parcelles. Il y a en effet de nombreuses espèces qui peuvent se développer dans ces parcelles, grâce notamment à de nombreux habitats qui permettent à chacune d’entre elles d’y trouver son compte ou de trouver refuge en cas de besoin.
Le geste de l’habitant
Si vous aussi vous souhaitez que votre jardin soit colonisé de supers carabes ou d’autres auxiliaires qui viendront vous donner un coup de main pour que vos plantes puissent pousser sereinement, diversifiez les habitats présents (haies, tas de branches, prairie, pierres, etc.) et limitez les perturbations (fauches trop fréquentes, travail du sol profond et sur de grandes surfaces) !