Agriculture durable : à la recherche des vers de terre dans les champs
Afin d'évaluer la qualité des sols, le Parc naturel régional des Caps et Marais d'Opale et la Chambre d'Agriculture proposent aux agriculteurs d'effectuer pour eux un test directement dans les champs. Ce test consiste à compter les vers de terre à l'aide de moutarde. On est allé assister en direct à ce test dans les champs de la vallée de la Hem.
Un matin froid d'avril, le premier rendez-vous est donné dans un champ de la commune d'Audrehem. Deux agents du Parc, Christophe et Marie-Pierre, et un agent de la Chambre d'Agriculture, Cyril, se retrouvent et déchargent la voiture : un arrosoir, des cadres en bois pour former un mètre carré au sol et surtout des dizaines de pots de moutarde. "Toujours la même marque, s'amuse Cyril, c'est un protocole national." Pour ces trois agents, la journée sera dédiée à la recherche de vers de terre dans les parcelles agricoles de la vallée de la Hem.
Les vers de terre : indicateurs de la santé de la terre
Pourquoi rechercher les vers de terre ? "Ils sont des indicateurs de la bonne santé des sols, explique Christophe. Plus il y en a, meilleure est la santé du sol." C'est ce qu'on appelle un bio-indicateur. Le protocole commence, toujours le même pour que les résultats puissent être comparés. Pendant que Cyril et Marie-Pierre déploient des cadres au sol pour former trois mètres carrés, Christophe prépare le premier mélange, "10 litres d'eau pour 300 grammes de moutarde". Il mélange le tout dans l'arrosoir et verse allègrement dans un mètre carré délimité au sol. "Il ne reste plus qu'à attendre 15 minutes que les vers de terre remontent." La moutarde qui s'infiltre dans la terre irrite les vers de terre qui vont se soulager à l'air libre. Un agent le ramasse et le plonge dans l'eau pour le débarrasser de la moutarde. C'est ainsi que sur un mètre carré, on peut estimer le nombre de vers de terre. "Au bout de 15 minutes, on verse de nouveau le mélange de moutarde. le protocole prévoit deux passages", précise Christophe.
Chaque agent scrute donc son mètre carré au milieu du champ. Et la récolte est bien maigre. Marie-Pierre fait chou blanc, quant à Cyril et Christophe, ils n'obtiennent que deux vers de terre chacun. "L'an passé aussi, les résultats n'étaient pas très bons dans cette parcelle", se souvient Cyril. Pourquoi ? "Difficile à dire, plusieurs facteurs peuvent entrer en cause."
Une parcelle à 80 vers de terre
On remballe le matériel, direction Tournehem-sur-la-Hem pour la deuxième parcelle. Celle-ci se situe au pied de la fameuse chapelle de Guémy. "L'agriculteur n'a pas labouré cette parcelle pendant des années", explique Christophe. Il a bon espoir d'y trouver davantage de vers de terre. Et il a raison, dès les premières minutes, chaque mètre carré donne ses vers de terre. "J'en ai un !" s'exclame Marie-Pierre heureuse de mettre fin à sa malchance. Au bout d'une demi-heure, une trentaine de vers de terre ont été dénombrés, signe que ce coin de terre se porte bien. Durant l'après-midi, la dernière parcelle, toujours à Tournehem-sur-la-Hem, explose les scores de la journée avec pas moins de 80 vers de terre comptabilisés.
Le comptage de vers de terre s'effectue dans le cadre de mesures d'agro-écologie mises en place par les agriculteurs des Caps et Marais en vallée de la Hem et dans d'autre parties du territoire. Ces mesures visent notamment à préserver la vie du sous-sol, sa micro-biodiversité et ainsi assurer la préservation à terme des terres agricoles.