Changements climatiques : quels arbres planter pour y faire face ?
Lors des Journées de l’agroforesterie, le Parc naturel régional a organisé une table ronde autour de l’adaptation de nos d’essence locales d’arbres aux changements climatiques. Réunissant forestiers, paysagistes, écologues, pépiniéristes, agriculteurs, cette démarche de réflexion collective est inédite.
Deux degrés et demi de plus d’ici 2100, voire 6 degrés pour les prévisions les plus pessimistes. On le sait maintenant, le réchauffement climatique est en marche. Et si pour les humains, 2100 semble bien loin, à l’échelle d’un arbre qui vit parfois plus de 500 ans, cette perspective s’avère très proche. Les effets se font déjà ressentir actuellement. Nombres d’arbres, pourtant d’essences locales, ne survivent pas longtemps, victimes de maladie ou d’attaque d’insectes qui résistent aux hivers devenus trop doux.
Dans ce contexte, quels arbres pouvons-nous planter ? C’était donc la question centrale de la table ronde organisée par le Parc naturel régional et ses partenaires lors des Journées de l’agroforesterie. Cette question pourrait presque tenir de la divination, tant les facteurs à prendre en compte sont nombreux. Forestiers, écologues, paysagistes, agriculteurs et pépiniéristes ont pourtant souhaité relever le défi. Et deux conclusions sont nées de leurs échanges.
La migration assistée des espèces
La première est de continuer à tester la méthode dite de la « migration assistée des espèces ». Cette technique propose de planter des arbres qui poussent dans des régions voisines des nôtres dont le climat est actuellement légèrement plus doux. Ce sont des arbres qui, même sans l’intervention de l’humain, finiraient par migrer d’eux-mêmes vers nos contrées. En les plantant nous-mêmes, nous accélérons le processus pour leur donner le temps de s’épanouir. Cette technique est notamment testée par l’Office national des forêts.
Donner leur chance aux espèces locales
La deuxième conclusion est plus simple : donner leur chance aux espèces locales et voir lesquelles peuvent résister au réchauffement climatique. Les études montrent que les arbres ont un patrimoine génétique particulièrement riche qui leur donne la capacité de résister à de nombreux bouleversements (on parle de plasticité génétique). Par ailleurs, ils ont toute une armée de micro-organismes avec qui vivent en symbiose avec eux et leur donnent les outils pour affronter de nouvelles attaques (maladies, insectes…).
Une démarche qui prendra du temps
La deuxième solution a été approuvée par les participants avec un bémol du côté des paysagistes. En effet, cette démarche prendra du temps. Ce qui signifie que, pendant quelques décennies, il faudra s’habituer à constater le décès de nombreux arbres avant de voir les premiers individus résistants.
On peut toujours se consoler avec une chose : un arbre même mort est une richesse. Il abrite des milliers d’espèces qui dépendent exclusivement de lui. En somme, c’est une autre biodiversité qui profitera de cette période « à vide » pour les arbres.
Alors, face aux changements climatiques et notamment à la hausse des températures moyennes, quels arbres peut-on planter ? Nous l’avons dit, c’est une question à laquelle personne n’a vraiment de réponse. Mais la bonne nouvelle que la démarche collective est née. Du pépiniériste à l’écologue en passant par l’agriculteur et le paysagiste… tous les acteurs du territoire vont dans un sens commun. C’est une démarche quasi-inédite, sans doute à la hauteur des enjeux.
